Aujourd’hui devait être un jour à secouer la pulpe… (le vent peut-être ?). Et voici que cela remonte, un zeste de ma mémoire qui n’avait pas exhalé sur l’instant.
C’était il y a quelques semaines, au sortir d’un massage. Ma patiente hésite. Comme un instant sur le fil, en équilibre entre je m’éclipse sans mot dire et, je ne sais pourquoi, je parle à ce type (moi) avec qui je n’ai pas échangé plus de deux phrases en une heure trente de séance de massage. Ce jour-là, ce fut je parle. Et elle a tant parlé. En quelque sorte vidé son sac. Il faut croire que je n’avais pas massé que de la chair. J’avais dû mettre la main sur son âme, comme ça, par mégarde. Comme un maladroit qui trop presse un tube de dentifrice ouvert. Et elle a tant parlé, d’une vie meurtrie et de jours abîmés. Le dentifrice de sa vie s’est répandu. Mais pourquoi moi ? Pourquoi à ce moment-là ?
C’était il y a quelques semaines et, aujourd’hui seulement je m’imagine comprendre. Magie du massage. Durant une heure trente elle s’était confiée à mes mains de masseur. Une expérience de confiance dont je perçois aujourd’hui combien, dans son histoire, elle fut unique. Se confier verbalement n’était qu’une suite, un prolongement du fil de la confiance.
© Joël Massage Bastia Corse www.joel.mic.fr